Activités et diffusion

Tiriganniaq Inullu (Le Renard et l’Homme)

Hervé Monchot et Daniel Gendron

Jusqu'aux premiers contacts avec les premiers explorateurs, baleiniers et autres commerçants, les Inuits étaient entièrement dépendants de la faune pour leur survie qui leur donnait de la nourriture, mais aussi tous les matériaux pour fabriquer les vêtements, les outils, les armes et pour construire les habitations et autres moyens de locomotion. Leur vie était organisée autour de la chasse et la relation intense qu’ils entretenaient avec les animaux a laissé de nombreuses traces sur la manière d’être et de penser chez les Inuits.

Ainsi peut-on trouver dans la littérature, de nombreux ouvrages et récits sur les relations existantes entre les mammifères marins (phoques, morse, baleine, ours polaire etc.) ou terrestres (caribou) et les Inuits. Mais qu’en est-il des relations entre ces mêmes Inuits et le renard, ou du moins les renards, considérés comme une espèce marginale voire de moindre importance. En effet, si on excepte la grande période du commerce de la fourrure qui débuta vers 1900, les renards étaient alors capturés avec des pièges en pierre, sa chair généralement non consommée par les groupes humains, n'était toutefois pas perdue puisqu’elle servait en pâture aux chiens.

Ce projet fut initié grâce à la découverte de nombreux restes de renards (prés de 2000), arctique (Alopex lagopus) et roux (Vulpes vulpes), présents dans le site dorsétien de Tayara prés du village de Salluit, ce qui souleva de nombreuses questions, notamment celle de l’intégration, il y a plus de 2000 ans, de la viande de renards dans les habitudes alimentaires.

Tiriganniaq Inullu visera ainsi à mieux comprendre les relations existantes entre les renards et les différents groupes de Nunavimmiut à travers le temps et l’espace. Il comportera plusieurs volets :

- Un volet (paléo) écologique et éthologique : synthèse sur le comportement et la distribution des différentes espèces de renard au Nunavik.

- Un volet archéologique : synthèse des différentes données archéologiques, données directes, comme par exemple l’analyse des ossements de renards ou l’analyse des traces laissées par ceux-ci sur les ossements, et indirectes, comme la distribution des pièges à renard en pierre sur le territoire.

- Un volet historique et moderne qui passera notamment par un questionnaire à destination des Ainés des différentes communautés du Nunavik. Ce questionnaire, distribué par les Comités culturels locaux, aura pour principal objectif de recueillir le savoir inuit traditionnel. Fortement inspiré des découvertes archéologiques, il devra confirmer ou invalider certaines hypothèses de travail.

- Enfin un dernier point visera en une intégration de ces résultats dans un cadre plus continental par comparaison avec ceux d’autres régions, comme le Haut Arctique, l’Arctique de l’ouest ou encore le Groenland.